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Au bord de la ligne
3 février 2011

...Ou Borderline! (comportements)

Le souvenir de mes troubles remonte au début de mon adolescence. Je les ressentais déjà plus tôt, mais je les exprimais autrement, par le biais de l’écriture de poésie par exemple. Mais je me sentais déjà plus sensible que la moyenne. Ce souvenir de mes troubles plus importants remonte au début de mon adolescence. Je ressentais un grand sentiment de vide intérieur et d’impuissance, plus le temps passait plus je me dévalorisais. J’ai commencé à tracer des marques sur mes mains, des coupures. J’agissais ainsi en réponse à mon désarroi. Je ne savais comment faire autrement pour me sentir vivante. Je voulais faire fuir ce vide en espérant qu’il s’écoulerait de mes plaies. Sur le moment cela fonctionnait assez bien puis rapidement il s’agissait d’une raison de plus pour me détester bien que cela ne m’empêche guère de réitérer ce geste auto-agressif. Je me sentais sombrer dans ce qui aux yeux des autres était une crise d’adolescence bien corsée. Puis j’ai commencé à idéaliser une personne. Il s’agissait de ma professeure de mathématiques. Je ne saurais trop expliquer pourquoi. Ce que je sais, c’est qu’elle fut la première mais certainement pas la dernière pour qui j’ai ressenti une sorte d’idolâtrie, et le point commun qu’il y avait entre ces personnes et que je pouvais simplement ressentir et me faisais les trouver belles, était leur caractère incroyablement humain. Je me sentais irrésistiblement attirée par elles. Cette professeure fut donc la première à qui je vouais cette admiration. Je pensais donc, en la ressentant ainsi, qu’elle avait sûrement les réponses à mes questionnements intérieurs et mettais tout en œuvre pour me confier à elle. Sans pour autant le faire délibérément. J’écrivais donc partout sur mes cahiers des textes morbides. Je continuais évidemment de me scarifier et essayais de lui montrer. Je n’ai pas parlé avec elle à cette période. Elle faisait mine de ne pas voir. L’année d’après je tombais « admirative » devant ma professeure d’histoire-géographie. C’était une femme pleine d’entrain et d’enthousiasme, dont les yeux exprimaient une grande réceptivité. Je montrais de plus belle mes scarifications et elle tomba par chance ou malchance, sur un courrier que j’écrivais dans lequel je parlais de mes états d’âme. Il ressemblait plus ou moins à l’annonce de mon suicide prochain, ce qui eu pour effet de provoquer un tsunami dans la sphère qui m’entourait. J’ai fait durer cette histoire en tentant de masquer les dégâts pour qu’au final elle m’éclate au visage avec l’intervention de deux professeurs, de la conseillère principale d’orientation, de l’infirmière, du principale et bien-sûr de mes parents. Quel ne fut pas le scandale quand ils découvrirent mes scarifications, et quelle ne fut pas la force de la gifle de mon père pour toute réaction. Ils ont tout de même tenté de me faire prendre en charge par un professionnel, profession oblige étant tous deux en psychiatrie, mais ça n’a pas aboutit. J’étais bien trop fermée, et je n’étais pas prête de céder ma clée. L’année suivante, ce fut mon professeur d’histoire-géographie qui m’obnubila. Je pense que cela venait du fait qu’il était tout l’opposait de mon père mais qu’il avait quand même su lui tenir tête lors d’une rencontre parent-professeur. Mon père était effrayant mais il ne se démonta pas pour autant. Cette année là, je commençais à manifester un certain penchant pour la bouteille. Je continuais pour la troisième année de me scarifier et cela s’était d’ailleurs étendu à mes bras, mes cuisses et mes chevilles. Ma dernière année de collège fut donc également le théâtre d’un scandale qui acheva d’inquiéter mes proches. Ce fut l’année où je décidai d’écrire une lettre à chacun des professeurs que j’admirais en leur avouant l’importance qu’ils avaient à mes yeux. La parole s’en trouva un peu débloquée auprès d’eux et me fit grand bien, bien que non suffisante pour me sortir de mes problèmes.

Puis je quittais ce lieu pour ce qui me semblait être la coure des grands. Le vide en moi était resté toujours lattant depuis qu’il s’y était installé. Mais je ne savais pas encore à l’époque qu’il ne partirait plus. Je me suis mise à consommer drogue et alcool régulièrement, au point de ne plus être moi-même des mois durant. Je faisais subir à mon corps en plus de mes blessures volontaires, des crises d’anorexie et de boulimie. Deux trous avaient été fait dans le mur et la porte de ma maison à cause de crises de rage incontrôlées. Inutile de dire que mon téléphone mobile avait de nombreuses fois connu l’ivresse du vol plané. J’ai bien failli une fois, lors d’un épisode du même genre, casser une porte des toilettes de mon établissement scolaire. Enfin, j’étais au lycée et je tentais de cacher mes comportements autodestructeurs, malheureusement l’alcool m’a trahit. Un jour, en classe d’espagnol, dont j’admirais grandement la professeure, étant ivre, je n’ai pu refréner une pulsion de scarification. Je m’acharnais à me déchirer le poignet à la lame, mon sang s’égouttant sur mes chaussures et le sol. Malheureusement ou heureusement, cela n’a pas échappé à la vigilance de certains qui s’en trouvèrent choqués et se hâtèrent de le faire savoir aux personnes  d’influences. Nouveau scandale : professeurs, conseiller principal d’orientation, surveillants, infirmière et parents furent avertis. Pour la discrétion, c’était raté ! C’est environ à cette période que j’ai fait une tentative de suicide qui a presque réussie. Mais une personne a décidé de me sauver. A l’époque cela m’avait rendu triste. J’allais rentrer en clinique psychiatrique à ma demande quand j’ai rencontré celui qui serait mon fiancé.

Au début, ce fut comme si j’avais retrouvé la partie de moi manquante et que je me retrouvais complète et heureuse, bien que mon penchant pour la bouteille soit toujours présent.

J’obtins mon bac et partis à 300km de chez mes parents pour vivre avec lui et faire de la danse. J’appréciais ma nouvelle vie. J’étais aimée, choyée, indépendante… Je ratais la danse car quelques années auparavant j’avais perdu toutes mes convictions. Je tombais enceinte à la même période. Aussi j’avortais. Ce geste ne me laissa pas indemne. Je recommençai à me scarifier causant par la même la douleur et l’incompréhension de mon fiancé. Je gardais toujours ce petit penchant pour l’alcool que j’avais. Depuis, chaque année, à la période où aurait dû naître cet enfant, ce n’est que souffrance qui m’habite, comblant le vide qui s’y était installé. C’était du moins une souffrance dont je connaissais la cause. Je n’avançais pas dans mes études, telle que je me voyais j’étais, bonne à rien. La troisième année après mon installation avec mon fiancé, je ne faisais rien de mes journées, ou presque, et je basculai dans l’alcoolisme. Je buvais à en être ivre, provoquant en moi toute sorte de comportement impulsifs allant de simples mots agressifs, au fait de téléphoner larmoyante, en pleine nuit à des personnes, ou à m’enfuir de chez moi pour errer en ville pendant la nuit. Le pire fut de frapper violemment mon fiancé. Cela provoqua la crise de mon couple, il fallait du temps à mon fiancé pour savoir s’il voulait encore de moi. Ce fut le pire mois de ma vie ! J’envisageais le pire tous les jours et savais que je serais incapable d’y survivre. Je m’y résignais avec facilité. Puis, la crise a été vaincue à l’aide d’une prise en charge psychologique. Je fus traitée 6 mois durant lesquels je vivais normalement depuis longtemps. Il y a deux mois, je décidais d’arrêter radicalement les formes de traitement qui m’étaient prescrites : la médicamenteuse et la thérapie. Cela a été les premiers jours, puis, lentement mais sûrement et de manière plus insidieuse mais aussi plus douloureuse, mon mal a réintégré mon corps, ou mon âme, ou les deux. Je recommence donc la lacération de mes bras en me faisant plus discrète. Les idées noires m’habitent presque constamment. J’ai déménagé pour vivre seule, bien que toujours avec mon fiancé.

Aujourd’hui, je réalise que je suis probablement atteinte d’une maladie qui a causé tout ça, qui serait à l’origine de tout ce mal, pas seulement du mien mais aussi de celui que j’ai pu causer autour de moi. Cela m’attriste et me soulage à la fois.

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